La naissance d'un album.

A vrai dire je ne me souviens plus vraiment combien de temps nous avons mis à le faire cet album. Je me souviens juste qu’en 2008 j’ai demandé à Guillaume si on se payait une semaine de studio pour enregistrer un album complet, ou s’il se sentait capable d’enregistrer lui-même le groupe dans lequel il tapait du tambour. C’est le genre de discussion dont on connait déjà la réponse. Le défi est tentant et après tout on ne risque pas grand-chose. En fait si on risque tout. Enregistrer soit même, avoir son propre studio ça relève du fantasme. On se dit qu’on aura le temps de faire ce qu’on a envie de faire comme on en a envie de le faire. C’est le seul avantage. Le reste ce sont des doutes, des engueulades, des exigences…
On a commençé une première session de prises séparement : d’abord la batterie, puis la basse, puis les guitares…  Nous avons donc mis 6 chansons en boite : Tout va bien, ta vie en rose, resistance, Boomerang, Lancinante, La piste. Premiers doutes. Oui on en est content, mais c’est pas nous. Il n’y a plus la cohésion du live. On efface tout et on recommence.
Nouvelle discussion téléphonique avec Guillaume. Serait il capable techniquement d’enregistrer le groupe en version live ? Il faut savoir que Guillaume ne recule devant aucun défit.  A quatre, non. Mais à 3 c’est envisageable. Batterie, basse et guitare dans 20m2. Les premiers essais sont concluants. Et c’est sans compter sur l’exigence de Loïc que nous mettons rapidement  10 titres en boite. Cyril n’aura plus qu’à poser ses parties de guitares et moi mes parties de voix.
Puis le studio déménage. Le nouveau studio sera plus grand, plus propre et sonnera mieux. Oui sauf que c’est long à construire un studio. Encore des doutes. Tout ce temps qui s’écoule. Et ces chansons qu’on écoute, qu’on réécoute sans cesse, on commence à s’en lasser. On commence à mixer, à faire et défaire ce qu’on à déjà fait et défait. C’est sans fin. Et enfin le nouveau studio est prêt grâce à l’acharnement de Guillaume et Loïc.
Faut maintenant en finir. Avec l’album ou avec le groupe, au choix. Et oui, depuis 2 ans il ne se passe rien de concret : l’album n’avance plus, on refuse les concerts pour se concentrer sur l’album. Je crois qu’à ce moment on doit être en 2010 et qu’on me jette la 1ere pierre si au moins l’un de nous 4 n’a pas pensé qu’Autour d’elle n’existait plus. Les discussions sont houleuses, les séances de mixage patogent.
On arrive quand même à enregistrer une violoncelliste et un percussioniste, mais je me revois quand même essayer de trouver une bonne excuse à chaque fois que l'on me demande « Alors cet album, il en est où ? ».
Il y a quand même un dernier espoir : se donner une date butoire. On décide donc d’accepter une date de concert au Théâtre des Charmes (ô qu’ils sont important ces repères…) annoncant la sortie d’album. Il ne nous reste donc que quelques semaines pour finir. On décide de se retrouver le mardi soir à la sortie du boulot (la fatigue en sus) moi, Loic et Guillaume. Cyril n’est pas présent, mais à chaque fois qu’il vient écouter l’avancement de l’album on récupère un nouveau souffle, son oreille est encore fraiche, et son avis objectif.
Et puis un jour on se donne rendez vous et on finalise tous ensemble. On valide chaque morceau, les concessions sont énormes. C’est la difficulté de bosser sans personne. Personne ne décide à notre place et chaque morceau doit être validé par la majorité, c’est-à-dire 3 sur 4…
Je vous passe les détails du difficile mastering qui ne plait pas à tous, et puis la pochette qu’Elise doit adapter à chaque changement d’ordre des morceaux…
Et puis un jour, on l’a entre les mains. J’ai mis longtemps avant d’oser le mettre dans ma platine Cd. Quelques minutes je crois. Oui c’est long pour un musicien quelques minutes avant d’écouter son propre album. Et puis je l’ai mis...

On a tout fait de A à Z, du branchement du 1er micro, jusqu’à la signature en bas du bon de livraison. Ca aurait pu nous détruire, ça nous a conforté : on est 4 Autour d’elle.
C’était le 1er album. Maintenant on sait ce qu’il faut faire et surtout ce qu’il ne faut pas faire.
Le 2ème album sera d’une facilité déconcertante. Forcément.