Pire qu'un chien sur l'autoroute
Quoi? Qu'est ce qu'il y a de pire que d'abandonner un chien sur l'autoroute?
Laisser son ampli chez le réparateur...
Parce
qu'aux yeux du réparateur votre ampli, c'est un ampli parmi tant
d'autres, alors que moi je pourrais le reconnaître entre 100...
Alors
le voir là, planté au milieu du magasin, seul, abandonné de tous... Le
déchirement a eu lieu lorsque j'ai vu perler une larme au coin du
bouton de volume, d'un air de dire "tu vas pas me laisser là, hein? tu
vas me reprendre?".
Et pourtant si, il le faut.
Après maintes et
maintes recommandations, j'ai senti le vendeur m'amener vers la sortie.
Lentement, pour ne pas me brusquer, mais sûrement. D'un air de dire
"Vous inquiétez pas m'sieur, je connais bien mon métier!!". Mais bon
sang!! bien sur qu'il le connaît son métier, mais connaît il l'amour qui
me lie à mon ampli?
Dans une dernière étincelle de lucidité je lui
demande si je peux laisser ma guitare avec l'ampli, pour qu'il se sente
moins seul, qu'elle le réconforte pendant la nuit, qu'elle le berce. Il
m'a répondu "pourquouè? elle est cossée aussi la guitare?" -"euh...
non..." j'ai dit. "non, non". Puis en moins de temps qu'il m'en a fallu
pour finir ma phrase, je me suis retrouvé dehors avec ma guitare. Il
faisait froid dehors. Une de ces soirée d'hiver qui vous gèle jusqu'aux
os... En moi je pensais qu'elle allait être longue cette soirée, très
longue. Cette semaine aussi d'ailleurs. A travers la vitrine du
magasin je l'ai aperçu. Seul. Ma main se dirigea alors doucement vers
la poignée de la porte. Le regard enervé du réparateur m'a vite fait
comprendre qu'il ne fallait pas. J'ai alors commencé à marcher, droit
devant moi, puisqu'il est trop tard maintenant, puisque la nuit est
glaciale, puisqu'il faut se faire une raison, puisque j'en ai les
larmes aux yeux, que nos mains ne tiennent plus ensemble que moi aussi je tremble un peu ("toudouptoudoup...toudouptoudoup").
Je ne me suis retourné que quelques dizaines de mêtre plus loin, là où je ne pouvais plus entendre ses cris....
De quoi j'en fais trop?